Le contenu de la notice descriptive de l'Eglise de la
Neuville-en-Hez donne de nombreuses informations sur cet édifice
qu'il nous semble important de retranscrire ici...
Quand le Comte de Clermont Raoul, celui qui fut connétable de
France, construisit en forêt de Hez, en 1187, un château à
l'emplacement, semble-t-il, d'un rendez-vous de chasse, il songea
immédiatement à donner un côté de rentabilité à l'affaire en
fondant au pied du château un début de village, fermé de masures
autour d'une église, pour y loger des gens qui travailleraient
là, lui paieraient des impôts et lui créeraient ainsi un revenu.
L'église primitive de la Neuville-en-Hez fut donc
construite à la fin du 12ème siècle. Du premier édifice, il ne
subsiste que peu de choses.
L'Intérieur
Lorsque le visiteur pénètre dans l'église, il est davantage
surpris par l'ampleur de l'édifice que par la diversité des
styles qui sont représentés.
De l'église primitive ne subsistent que les piliers ronds
de la nef et les ogives en tiers-point, celles qui sont entre les
transepts et la croisée de la nef, et celles de la nef.
Les fenêtres du transept sont du 14ème siècle, le chœur et ses
bas-côtés terminés par des chapelles à fond plat, sont des 15ème
et 16ème siècles.
Quant à la nef elle-même et ses bas-côtés, ils ont été en très
grande partie reconstruits au 18ème siècle dans un style
flamboyant (pour les voûtes) et Renaissance (pour les clefs de
voute).
Tout cela paraît simple, mais il faut savoir que la nef primitive
était couverte de bois, de section trapézoïdale et que les
poutres horizontales soutenant cette voute de bois ont été
réutilisées au dessus de la voûte de pierre actuelle et sous la
toiture, que des parties importantes des murs latéraux de cette
nef du 12ème siècle subsistent encore et que l'ossature en bois
des premiers bas-côtés est encore visible au dessus des voûtes de
pierre.
Le chœur, lui, a été construit d'un seul jet, à la fin du 15ème
siècle et au début du 16ème siècle, et comporte deux travées à
voûte chargées de nervures réticulées et de pendentifs.
La chapelle axiale présente cinq longues fenêtres géminées à
têtes de trèfle. A cette époque (15ème et 16ème siècles), les
bases du vieux clocher furent reprises en sous-œuvre, pour
réaliser à la croisée du transept cette voûte à nervures
compliquées venant former en leur centre un orifice circulaire.
Le Mobilier
Le mobilier comporte des pièces de valeur.
Commençons par le chœur : les boiseries qui
entourent le maître-autel sont de l'époque Louis XVI. Elles
étaient primitivement pentes en blanc et les motifs décoratifs
dorés à la feuille. La peinture qui les surmonte est également du
18ème siècle et représente la Résurrection. Les deux petites
statuettes en bois, en haut des pilastres latéraux, représentant
Saint Côme et Saint Damien, deux médecins martyrs exécutés sous
Dioclétien.
A gauche du maître-autel, une très belle Vierge,
école picarde, représentant Notre Dame de la Merci, patronne des
victimes des barbaresques et également patronnes des prisonniers.
On voit sous son manteau pendre une chaîne avec des boulets de
fer.
Le vitrail axial est du 16ème siècle et représente la
Crucifixion, il fut exécuté par les ateliers des frères Leprince
de Beauvais. Les deux autres vitraux sont du 19ème siècle et sont
consacrés, l'un à Saint Louis, l'autre à la vie de la vierge.
Le maître-autel lui-même, recouvert de marbre, date du 18ème
siècle, ainsi que la grille de communion.
Devant le maître-autel, un joli lutrin style
Régence.
De chaque côté de l'autel, deux jolies
statuettes de bois : Saint Antoine et Saint Roch. Dans ce même
bas-côté une très belle statue d'un Evêque (Saint Lucien sans
doute), statue en bois.
En 1856, on procède au changement du dallage du chœur. Les
stalles ont été vraisemblablement posées à cette époque.
Dans le sol du bas-côté sud, une pierre tombale
à la mémoire de Jean de Bertaucourt, capitaine de la
Neuville-en-Hez et Maître des Eaux et Forêts, décédé en 1482.
Malheureusement, cette pierre qu'on aurait dû dresser contre le
mur, achève de se détériorer au passage des visiteurs.
Les fenêtres de ce bas-côté sud contiennent quelques morceaux de
vitraux anciens dont une effigie de Saint Louis.
En remontant ce bas-côté sud, on voit à gauche
l'emplacement de l'ancienne porte qui faisait communiquer
l'église avec le cimetière qui l'entourait jusqu'en 1851.
A droite, dans le premier contrefort du clocher,
un autel ancien surmonté du beau crucifix (qui provient sans
doute d'une poutre de gloire détruite) et, dans la niche,
l'effigie de Saint Eloi.
Toujours à droite, dans le second contrefort du
clocher, une Pietà du 16ème siècle.
La fenêtre du fond du bas-côté nord est
consacrée à Notre Dame de Lourdes. Le vitrail date du 19ème
siècle.
La première fenêtre de gauche possède de beaux vitraux aux
dominantes jaunes réalisées avec une composition à l'argent.
Trois personnages : Saint Pierre, Saint Anne et Saint
Joseph.
Dans les cartouches en haut du vitrail, Saint Jean-Baptiste,
Saint Narcisse, Sainte Sophie, Saint Alphonse et Saint Delphine.
Dans l'ensemble de ce bas-côté nord, à droite,
le confessionnal du 18ème siècle. A gauche, dans le premier
contrefort du clocher, un autel ancien consacré à Saint Damien ou
Saint Côme. Dans le deuxième contrefort, une très belle Vierge du
16ème siècle en bois doré et provenant de l'ancien couvent de la
Garde.
Citons encore la chaire du 16ème siècle : la tête des personnages
et un écusson ont été martelés à la Révolution. Elle était
également peinte en blanc avec dorure à la feuille sur les
décorations. La partie supérieure est du 18ème siècle.
Le Christ, belle œuvre du 18ème siècle, provient du calvaire
érigé sur une butte à l'entrée du village. Il fut
vraisemblablement déposé durant la période révolutionnaire et
retrouva sa place le 22 juin 1802.
Il a été, en mars 1991, restauré par les soins conjoints de la
Municipalité et de l'As.C .A.Lit (Association Culture,
Architecture et Liturgie), et remis définitivement dans l'église.
Enfin, près de la porte d'entrée, au nord, la cuve baptismale en
pierre. Elle se compose d'une cuve octogonale à faces rebondies
terminées de part et d'autre par un groupe de moulures entre deux
boudins. La piscine, plus petite, de même forme, est portée par
un fût octogonal. L'ensemble peut être daté de la fin du 16ème
siècle.
L'Extérieur
La façade de l'église en est la partie la plus
récente.
C'est un morceau d'architecture classique, avec volutes, pots à
feu, avec pilastres et fronton, grande fenêtre, et qui fut
plaquée là à la fin du 18ème siècle, au bout de la nef dont on
venait de reconstruire la plus grande partie.
On peut voir au travers de la fenêtre le dessin de la rosace qui
orne le mur du fond de la nef côté intérieur. Les deux rosaces
latérales sont disproportionnées par rapport aux portes
latérales. Une jolie Vierge du 16ème siècle, située dans le
fronton, met une note de finesse. Son inclinaison vers la gauche
rappelle ces vierges sculptées dans l'ivoire au 16ème siècle
(l'inclinaison que la forme des défenses de l'éléphant imposait).
Les bas-côtés de la nef se composent de trois
fenêtres de forme gothique, sans décoration, séparées par des
contreforts nus surmontés de chapeaux triangulaires.
On retrouve la petite porte murée au pignon du transept sud,
porte de communication de l'église avec le cimetière.
Les fenêtres ogivales des transepts, du 16ème siècle, sont plus
élégantes tout en restant d'un dessin sobre. Les bas-côtés du
chœur constitués par deux travées construites aux 15ème et 16ème
siècles sont eux mieux conçus, les fenêtres plus ouvragées et
même côté sud, on y constate des restes de cadrans solaires et
une niche Renaissance dont la statue a disparu, mais l'épitaphe
subsiste. En français actuel, elle signifie :
Epigramme de Jean Brasseur, maître d'école à la
Neuville-en-Hez.
Moi qui étais habitué à brandir la redoutable baguette sur
les enfants,
je suis maintenant enfermé dans
cette tombe
où ne sont plus ni os ni cendres.
Dix lustres révolus j'eus une épouse qui, de mon vivant, fut
exempte de fautes. Le sort m'a donné l'honneur d'une femme
aimable.
Que celui qui passe ici s'arrête.
Qu'il me porte et reçoive de ma part des voeux pieux.
Va. Sois heureux.
Que tous reposent en paix. Ainsi soit-il.
Il mourut le 1er avril 1532, avant Pâques.
L'abside comporte cinq fenêtres hautes géminées,
à tête de trèfle.
Côté nord, au bout du bas-côté à fond plat, tout
près de l'abside, se trouve la tourelle d'escalier (16ème siècle)
qu'un toit en bâtière termine brusquement.
Le Clocher
Il est central, carré, il dut être surmonté d'une flèche de
pierre remplacée depuis fort longtemps par un toit en charpente
et ardoises. Chaque face est percée de deux fenêtres romanes à
colonnettes latérales engagées et garnies d'un cordon de
dentelures.
Ces fenêtres ont été divisées après-coup en deux ogives par
l'adjonction d'un pilier intermédiaire. Chaque angle extérieur du
clocher est pourvu d'une longue colonnette. Les marques
d'éclatement de la pierre que l'on voit du côté de la mairie sont
des traces de balles espagnoles au 18ème siècle, au temps de la
Fronde.
Les quatre cadrans d'horloge en ont remplacé quatre autres datant
de 1885 et agrémentés de décorations et clochetons en zinc d'un
style gothique. Avant 1885, l'horloge n'avait qu'un seul cadran,
entre les deux fenêtres du clocher, direction Beauvais,
l'emplacement de l'axe de l'horloge se voit encore dans la
maçonnerie.
Le clocher possédait avant la Révolution quatre cloches :
- la plus grosse nommée Marie,
- la grosse moyenne nommée Louise,
- la petite moyenne nommée Anne,
- la petite nommée Marguerite.
Seule Marie survécut à la tourmente révolutionnaire. Une deuxième
cloche fut posée en octobre 1978.